Un monde en gésine ?

Un monde en gésine ?

Et si jamais le guide actuel du prolétariat ne savait plus apprendre, alors il périrait pour faire place aux hommes qui soient à la hauteur d'un monde nouveau

Rosa Luxemburg

Le soulèvement s’est étendu de Tunis à Valparaiso en passant par Paris Barcelone et Hong Kong Bagdad, Alger et cent autres villes. Hétérogène dans ses formes, le soulèvement a des racines communes: le refus de décennies d’absolutisme néo-libéral, le refus de subir la violence financière, et de vivre dans des conditions d’humiliation, d'indignation. Les glaciers fondent, les océans montent et les forêts brûlent, la planète brûle. Le soulèvement se confronte à la violence du système financier qui génère la résurgence du fascisme, l'analyse de Dimitrov (congrès de l'I.C. 1935) est toujours valable, il y a urgence. Le mouvement communiste doit se ressaisir, se réorganiser, voire se réinventer dans ce monde qui brûle. il va falloir se battre.

Révoltes ici et là, du maghreb à l'Amérique, en passant par la France, incendies géants en Australie, les luttes sociales prennent de l'ampleur et s'inscrivent dans la durée. La défaîte de l'expérience socialiste soviétique au XXeme siècle, le rouleau compresseur idéologique qui s'en est suivi, a privé pour un temps le mouvement d'émancipation de repères de classe clairs, comprenant la prise en compte de l'environnement, environnement dont la prise en compte marque aussi les limites de ce mode de production et d'échanges.

Des mouvements religieux profondément réactionnaires ont surgit du fond de l'obscurantisme généré par cette défaîte du mouvement émancipateur et le vide idéologique qu'il a engendré. Les aventures néo-coloniales de l'impérialisme n'ont fait que donner du carburant à ces mouvement millénaristes radicaux mais qui ne remettent pas fondamentalement en cause le système et qui de toute façon n'apportent aucune solution de libération humaine.

Mais, le vent se lève...

L'avenir dure longtemps: C'est le peuple tunisien qui ouvre le bal des Printemps arabes le 17 décembre 2010, à partir d'une bourgade perdue du maghreb Sidi Bouzid, avec la "révolution de la dignité", révolution initiée par un sous prolétariat rural contre la misère, l'oppression-répression et la corruption qui enflamme tout le pays suite à la mort par le feu d'un jeune vendeur ambulant de fruits et légumes à Sidi Bouzid, obscur chef lieu de canton au fin fond du djebel tunisien, Mohamed Bouazizi, dont la marchandise avait été confisquée par la police.

La révolte gagne l'Egypte le 25 janvier 2011 où elle débute par des manifestations. Comme sa sœur tunisienne, la révolte égyptienne s'est déclenchée suite aux abus de la police égyptienne dans le cadre d'un état d'urgence qui perdure et des procédures expéditives et abusivent qui le caractérisent, à la corruption généralisée.

Même s'ils furent manipulés et dévoyés par les services de l'impérialisme US aidés par la corruption locale (Lire Arabesque$ : Enquête sur le rôle des Etats-Unis dans les révoltes arabes), Il est suivi six mois plus tard par le mouvement des indignados qui investis les places en Espagne, suivent les étudiants chiliens). . Il

Algérie, Bolivie, Catalogne, Colombie,  Equateur, France, Hong Kong, Irak, Iran, Liban, hier l'Ukraine et demain, Ecosse, Irlande, Italie, Palestine, Thailande ... ?

La liste est longue, non exhaustive et à contenu, géographie et géométrie variables.

Sous des prétextes divers, parfois dérisoires, qui ne résistent pas dans la durée, le monde est chaotique. Augmentation du prix de l'essence en France, augmentation du ticket de métro à Santiago, loi sur l'extradition à Hong Kong, coup d'état en Bolivie, contestation de la constitution au Chili comme en Algérie ; manipulation là sur fond d'incompréhension, spontanéité ailleurs, répression plus ou moins féroce partout. Telle est là situation du monde depuis quelques décennies.

Avec ça, les incendies en Australie, l'absence de neige et de froid à Moscou, le recul du trait de côte en France les typhons, tornades et tempêtes ici et là, le climat et la géographie s'en mêlent.

Les enjeux sont majeurs. Une fois satisfaites les revendications immédiates qui ont donné prétexte à l'embrasement, la colère ne retombe pas, au contraire, forte de premiers reculs, luttes qui ont en fait servi de "galop d'essai", d'autres revendications surgissent, mais plus profondément, de Paris à Santiago, de Hong Kong à Alger, c'est un vieux monde qui est en cause, même inconsciemment et parfois à contre temps, le monde capitaliste en son étape néo-libérale à tendances libertariennes.

Les trente ans que nous venons de vivre ont vu remettre en cause bien des espoirs et des luttes, et aussi récemment renaître ces espoirs différemment. La défaîte de l'URSS dans la guerre froide, la disparition des expériences socialistes d'Europe ont marqué profondément le mouvement révolutionnaire, c'est une défaîte historique sur laquelle il y aurait beaucoup à dire des causes et conséquences.

Bien entendu, les bourgeoisies au pouvoir ont immédiatement poussé leur avantage et mené une campagne anticommuniste et plus généralement contre tout mouvement d'émancipation des travailleurs. Au-delà de la bataille idéologique, les développements scientifiques et techniques, la rupture conceptuelle et épistémologique de la Cyber Révolution (lire l'ouvrage Cyber Révolution éd. le temps des cerises 2002) a "redistribué les cartes" au sein même du procès de production  en particulier dans les pays à haut développement technologique, la classe ouvrière classique ayant numériquement fortement diminué au sein du prolétariat sans que par certains aspects, son rôle stratégique ait disparu. De même cette Cyber Révolution a-t-elle bousculé les rapports sociaux et sociétaux, modifiant de fond en comble les rapports entre individus mais aussi entre entités économiques et politiques, menant à l'apparition de monstres économiques détenteurs de l'information mondiale, dominant en grande partie les communications aussi et susceptibles de remettre en cause les états eux-mêmes, les GAFA. Nous avions commencé à analyser ces transformations, au niveau du prolétariat dans ce même espace numérique :http://www.ivan2015.com/2018/06/80-ans-d-histoire-des-forces-productives.html .

Ce nouveau contexte de lutte idéologique et de changement social et sociétal dus à la révolution dans les forces productives associés à la défaîte des pays socialistes européens ont contribué à un recul significatif du mouvement communiste dans les pays occidentaux, en France notamment pour ce qui nous concerne.

 

Les enjeux sont historiques, un monde se cherche:

Algérie le peuple, qui bat la rue depuis un an récuse le régime, veut sa chute sans trop savoir comment y parvenir ni par quoi le remplacer, il continue malgré tout, hors MDS (et encore) tout autre structuration est éphémère, sinon les clubs de supporteurs d'équipes de football une seule revendication : une autre constitution (!?)

En avril 2019, c'est à Hong Kong cité revenue dans le giron de la mère patrie, la Chine, depuis 1997 qu'éclatent des manifestations violentes. Le prétexte en est la revendication de non transfert de mis en cause devant des tribunaux de Chine continentale alors que Hong Kong fait partie intégrante de la Chine depuis vingt deux ans, mais hiatus culturel avec la culture chinoise traditionnelle de cette cité sous administration anglo-saxonne pendant 155 ans qui a imprimé ses façons de penser et juger. La contradiction y est d'autant plus profonde que la tradition économique héritée du monde anglo-saxon est franchement libérale, que la Chine continentale dirigée par un Parti Communiste applique une NEP qui ne dit pas son nom avec des traditions culturelles et juridiques fortement marquées de la Chine éternelle.

En Catalogne, on a là à faire à une volonté d'indépendance d'une partie de la population confrontée à la crise économique et politique et vivant dans la région la plus prospère d'Espagne, résurgence d'un passé anarchiste qui refuse tout autre autorité que lui-même, refusant l'état espagnol et la solidarité nationale.

Bolivie, Brésil, Chili, Equateur, Venezuela Là les peuples, à des titres divers sont en butte aux menées de l'impérialisme US, mais les peuples luttent, souvent face à une réaction de caractère fasciste plus ou moins (plutôt plus d'ailleurs) mâtinée de considérations religieuses (évangéliques) et racistes (ethniques).

En d'autres points du monde le feu couve sous la cendre, en Afrique en particulier ( Egypte, Libye, Tunisie...) ou en Iran, Irak... Là aussi, la pourriture religieuse (musulmane), instrumentalisée occulte les vrais problèmes mais est de plus en plus contestée.

France Gilets Jaunes, plus d'un an de luttes et manifestations. Contre réforme des retraites, plus d'un mois de grève quasi totale dans les transports et qui tend à se généraliser y compris en prenant d'autres formes, nombre d'autres secteurs comme les ports et docs ou les hospitaliers, et nouveau, le syndicat des cadres, les enseignants, les avocats, la police scientifique, les artistes, professions habituellement plus enclines, sinon à soutenir le pouvoir en place, du moins, à la passivité. La lutte s'inscrit dans la durée, la guerre de classes s'exacerbe, la population soutien.

Prix  de l'essence, retraites, services publics, chômage, bas salaires, précarité. Le monde du travail, dans toutes ses composantes est confronté à une accentuation de l'exploitation capitaliste. Profitant de la modification du rapport de forces en sa faveur, mais aussi des exigences de la concurrence capitaliste internationale, répondant en celà aux injonctions de la commission européenne, le capital, tente le passage en force. Les conquêtes sociales obtenues par le prolétariat au prix du sang des communistes (le Parti des fusillés)entre autres sont remises en cause.

Ce que le peuple travailleur remet en cause, globalement, c'est un système de production et d'échange qui ne tient plus pour l'essentiel que par une forme de dictature qui tient à l'écart les peuples, le travailleurs, du processus réel  d'information et de prise de décision, et ce à une époque où les moyens techniques devraient permettre à tout un chacun d'être informé et consulté, ce hiatus devient insupportable entre le possible et ce qui est. Le rôle idéologique des médias, tous plus ou moins à la solde du pouvoir est désormais tel, que les populations s'en détournent. La répression est à la hauteur des enjeux et culturellement marquée. Il faut noter le caractère mondial du phénomène. Il y a là de l'impuissance de l'impérialisme à endiguer ce phénomène mondial protéiforme et en apparence parfois contradictoire (mais en apparence seulement).

Impuissance du capitalisme aussi en matière environnementale. Aujourd'hui l'Australie brûle, la Corée demain ?


L'environnement

La planète Terre (la nôtre donc !) se réchauffe, l’acidité des océans augmente, la sècheresse sévit par-ci et les pluies torrentielles par-là, les forêts prennent feu, les ouragans battent tous les records, les glaciers disparaissent à grande vitesse, la biodiversité recule...

Réunis à Paris en 2015 pour une 21ème édition de la COP (conférence des parties) les pays du monde entier avaient reconnu la responsabilité humaine dans ce changement climatique et proposé de limiter le réchauffement nettement en dessous de 2 °C par rapport aux années 1880-1900. Pour y parvenir, chaque pays avait présenté des transitions énergétiques ambitieuses. Mais quatre ans plus tard, les transports, l'habitat, l'activité industrielle et agricole émettent toujours plus de gaz à effet de serre, et l'objectif semble hors d'atteinte. Il faudra s'adapter au réchauffement mais les transitions énergétiques doivent être engagées d'urgence sur la base de solutions réalistes.

Cela montre indubitablement qu'il n'y a pas de solution locale; la gestion de l'environnement nécessite une vision globale, à l'échelle de la planète, ancrée dans l'histoire et contradictoire avec les égoïsmes nationaux et monopolistiques, et de long terme. C'est incompatible avec le capitalisme dont la raison d'être est faire le maximum de profit dans le minimum de temps.

La COP21 est maintenant bien loin, pratiquement aucun des engagements n'a été respecté et la consommation des ressources fossiles n'a cessé de croître. Les publicités géantes lumineuses font florès dans les différentes métropoles, on continue à voir la publicité pour l'achat de voiture 4x4 (et aussi SUV) on sanctionne le diesel alors qu'il produit moins de CO2 que l'essence, consomme moins et dure plus longtemps, on continue à inciter à acheter tout et n'importe quoi par des publicités dont le seul but est de vendre, que vous en ayez besoin ou pas, et le plus souvent ça ne correspond en effet à aucun besoin réel, sinon fantasmé grâce à la publicité justement. La privatisation systématique des services publics et la mise en concurrence des opérateurs de transports envoi des dizaines de milliers de cars et camions sur les routes (cars Macron en particulier). Le fret ferroviaire qui avait commencé à être relancé par un ministre communiste (Gayssot) "Pas un discours de Jean-Claude Gayssot, ministre des Transports, où il ne soit question de mettre des camions sur les trains. Moins de pollution, plus de sécurité. Depuis le 14 mars 1999 et l'accident du tunnel du Mont-Blanc, le communiste a promu le fret ferroviaire au rang de sujet de société et a fait du ferroutage l'étendard de sa politique de transport" Libération 01/09/2001 ceci malgré le persiflage de Libé, toujours dans son tropisme anticommuniste. Avec la liquidation de la SNCF pour en faire une société anonyme, la question ne sera plus posée...

Le capital est en mal de profits, L'argent va à l'argent sans repasser par la case travail humain, du moins pas au même niveau, le taux de profit est au plus bas et rien n'indique une remontée. La production existante est parasitaire et uniquement orientée vers le profit à court terme.

Tant les mouvements sociaux un peu partout que les tentatives fascistes de contre-révolution en Amérique latine sont des manifestations d'une contradiction majeure entre les possibles et le réel. La Cyber révolution autorise aujourd'hui à construire une société répondant aux besoins de toutes et tous, supprimer la faim, permettre l'accès à la culture et à participer aux processus de décision. Ces possibilités sont non seulement dévoyées mais aussi utilisées à contre temps, pour rejeter dans la marginalité et paupériser la force de travail, dans une quête inassouvie et vaine de remontée du taux de profit.

 

 

 

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