Journée commémorative de la résistance

  • Yvan Lavallée

Nous sommes ici réunis devant la stèle mémorielle de Ginette Marois membre des bataillons de la Jeunesse et des Jeunesses communistes, morte en mission de liaison dans les combats de la Libération et Guy Célérier assassiné le 14 juillet 1944 avec une quinzaine d'adolescents, entre 17 et 22 ans dont des étudiants du Lycée Montaigne dans l’affaire dite de la ferme de Richemont, pour que l’écho des voix de la résistance ne faiblisse pas, car comme le dit Paul Éluard

« Si l’écho de leur voix faiblit, nous mourrons ».

La première manifestation contre le gouvernement collaborationniste de Pétain et l’occupation allemande a lieu le 8 novembre 1940 pour protester contre l’arrestation du savant Paul Langevin à l’appel de la direction communiste de l’ULEC qui créera les conditions politiques à l’appel par la direction communiste de l’UNEF à la manifestation du 11 novembre 1940 appelée par la suite Montée à l’étoile relayé par d’autres organisations résistantes étudiantes naissantes et semble-t-il par radio-Londres.

Ainsi, 2024 est l'année du 80 ème anniversaire de la libération de la plus grande partie de la France.

Le premier département français libéré, est la Corse. Le 9 septembre 1943 Maurice Choury, beau-frère de Vincentella Perini plus connue sous le nom de Danielle Casanova, Commandant en chef des FTPF Proclame, debout sur une automitrailleuse la libération de la Corse et son allégeance à la République Française.

Le 18 août 1944, le communiste Rol-Tanguy lance officiellement, au nom des FFI, l’appel à l’insurrection depuis son PC souterrain près de la place Denfert-Rochereau. Le gaulliste Alexandre Parodi, bien que réticent, ne s’y oppose pas, pour ne pas se couper d’un irrésistible mouvement populaire. La bataille de Paris aura bien lieu, la Libération officielle sera le 25 Août.

Aragon écrit alors « Paris n’est Paris qu’arrachant ses pavés » dans Les yeux d’Elsa.

 Certaines portions du territoire national devront attendre 1945 et parfois les ultimes jours de la guerre, pour redevenir pleinement Françaises.

Commence alors une autre résistance, plus sourde, celle contre l’AMGOT. La conception de dirigeants de la résistance de peuple en armes au contraire de la position purement militaire consistant à créer une armée secrète attendant le débarquement pour lancer des opérations armées sur les arrières de l’ennemi, a permis au peuple français à l’époque de recouvrer sa pleine et entière souveraineté !

Partout en France, des cérémonies rappelleront la joie de la liberté retrouvée, la contribution des forces libératrices françaises et étrangères, des résistants de l'intérieur et des combattants de l'extérieur. La FNDIRP ne pourra que s'associer totalement à l'hommage ainsi rendu aux hommes et aux femmes qui ont donné leur vie pour que chacun puisse à nouveau, en France, vivre libre et renforcé dans ses droits les plus fondamentaux. 2024 marque le 10 ème anniversaire de la qualification du 27 mai « Journée nationale de la résistance ». Nous ne pouvons que nous en réjouir.

Mais, petit rappel.

 C’est le 27 mai 1943 qu’est né le « Conseil national de la Résistance » d’une poignée d’hommes représentants toutes les composantes des mouvements de résistance, avec à sa tête, Jean Moulin. Ils ont pour objectif de les unifier, d’intensifier la résistance sous toutes ses formes jusqu’à l’insurrection armée, souvent au péril de leur vie. Mais ils ne s’arrêtent pas là. Ils vont imaginer l’avenir, l’après libération du territoire national en élaborant ce qui deviendra le « Programme du Conseil national de la résistance» appliqué dès la libération. Il y est prévu de rendre les moyens de production à ceux qui produisent, tout en leur garantissant la protection sociale et une vieillesse dans la dignité. Il instaure un large service public pour sortir des griffes de la finance ce qui structure la vie des citoyens et leur assure un standard de vie digne du monde moderne et d’un grand pays comme la France. Bien que dévastée, et en grande partie ruinée, la France, grâce à cette conception des services publics va redevenir une puissance économique qui compte dans le concert des nations tout en privilégiant les conquêtes sociales, pourtant farouchement combattues par toutes les forces dont le seul critère est le profit !

Ainsi, Denis Kessler, n° 2 du du MEDEF pourra écrire dans le journal patronal Challenge (04/10/2007) qu’il faut « Défaire méthodiquement le programme du Conseil national de la résistance» !

Je voudrais simplement rappeler quelques grandes avancées que l’on doit à ce programme et dont certaines sont toujours en vigueur mais ainsi que d’autres en danger.
Les nationalisations d’EDF, Renault, la Banque de France et les grandes Banques d’affaires, le suffrage universel, les Comités d’Entreprises, les 40 heures, mais aussi la Sécurité Sociale et la Retraite des Vieux.

2024 vient aussi de nous rappeler, au travers des résultats des dernières élections et les enjeux des prochaines, et si nous l’avions oublié, qu’il nous est interdit de relâcher notre vigilance contre toutes discriminations et stigmatisations, quelles qu’elles soient.

C’est comme cela que ça a commencé en 1933 en Allemagne avec les juifs, puis les communistes, les homosexuels, les Tziganes, en 1960 en Irlande du Nord avec les chrétiens, en 1994 au Rwanda avec les Tutsis dont on célèbre le 30ème anniversaire du génocide et jusque chez nous avec les étrangers, qu’ils soient Noirs, Arabes, ou maintenant migrants de toute part (sauf d'Ukraine).

Et je ne peux pas faire l’impasse, aujourd’hui, sur les massacres perpétrés au Proche-Orient. Il n’est évidemment pas question pour nous d’excuser ni de justifier les attaques du 7 octobre 2023 faisant plus de 1500 victimes essentiellement civiles. Mais elles ne peuvent, à elles seules justifier la réplique aveugle contre tout un peuple, environ 35 000 palestiniens tués, essentiellement civils dont un bon tiers d'enfants, s’apparentant comme l’a souligné le secrétaire général de l’ONU, à un génocide.

Cela n’a plus rien à voir avec la légitime défense.
De plus ces attaques, ces répliques, ne peuvent pas ouvrir la voie à une paix durable.

La FNDIRP est une association qui milite certes pour la mémoire, mais son rôle serait passéiste si elle ne posait pas incessamment la question de la paix. Au moment où j’écris ces lignes, j’apprends que le Brésil et la République Populaire de Chine proposent un plan et processus de Paix pour arrêter la guerre en Ukraine et établir une situation de paix en Europe.

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