A la mémoire de Jean Pierre Kahane

  • Yvan Lavallée

L'immense mathématicien communiste, membre de l'Académie des Sciences, l'immense communiste mathématicien de l'Académie des Sciences, Jean Pierre Kahane, nous a quittés.

J'ai eu l'insigne honneur de devoir parler de son engagement dans la revue progressistes parmi les noms prestigieux de l'Académie et des nombreuses organisations dans lesquelles il militait.

Le nombre de telles organisations a fait que les hommages ne pouvaient durer plus de deux minutes.

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Je viens vous parler au nom de toute l’équipe en deuil de la revue Progressistes du Parti Communiste, cette revue à laquelle il tenait tant et dont il était le directeur, cette revue venait reprendre le fil cassé d’Avancées Scientifiques et Techniques qui avait cessé de paraître depuis plus d’une dizaine d’annéeset à laquelle Jean Pierre participait aux côtés de René Le Guen, mais permettez moi quand même une touche personnelle.

Mon amitié, avec Jean Pierre s’est scellée en 2002 avec la présence de Le Pen au second tour de l’élection présidentielle. J’étais alors effaré du manque de réflexion de mon organisation sur l’impact de ce qu’on appelait encore les NTIC sur la société. J’ai écrit alors en deux mois un ouvrage, Cyber Révolution, qui tentait de poser ces questions en termes marxistes, et comme il me fallait quand même un regard extérieur dont les qualités scientifiques soient incontestables. J’ai donc envoyé mon tapuscrit à Jean Pierre qui en a vu de suite l’intérêt et a tenu à en faire la préface, je n’en demandais pas tant.

Pourquoi je vous raconte ça ? Ça été le ciment de notre amitié, notre complicité est née un peu plus tard, avec l’aventure de Progressistes.

Notre camarade Amar Bellal a eu l’idée de réactiver ce front de lutte par trop délaissé en lançant la revue Progressistes, il a contacté Jean Pierre qui lui a bien expliqué qu’il ne ferait pas grand chose mais qui nous a donné sa bénédiction. Bien entendu nous savions à quoi nous en tenir, il a été présent à toutes les réunions de rédaction, posant les bonnes questions, faisant les bonnes suggestions, nous ouvrant son carnet d’adresses, écrivant chaque fois qu’il le pouvait, et bien sûr avec cette pertinence et bienveillance que quiconque l’a côtoyé lui connaissait.

Jean Pierre s’inquiétait beaucoup de la pérennité de la revue, et de son rayonnement, d’autant plus aujourd’hui avec l’accélération du développement des forces productives, il était profondément convaincu, et c’était le point fort de notre complicité, de la thèse de Marx qui veut que in fine  l’histoire de l’humanité, c’est l’histoire de ses forces productives et que ce qui distingue une société d’une autre c’est la façon dont les marchandises y sont produites et échangées. Las des discours moralisateurs en bien ou en mal qui cèdent en fait à l’idéologie dominante. La libération humaine, le communisme  pour lequel il luttait nécessitait pour lui la maîtrise des forces de la nature au service de tous, c’était pour lui le rôle de Progressistes de contribuer à cette prise de conscience, d’abord auprès de ses camarades, mais aussi beaucoup plus largement étant entendu qu’au-delà des étiquettes accolées aux uns, aux unes et aux autres, on pouvait faire un bout de chemin avec ces unes, ces uns et ces autres et leur donner accès aux colonnes de la revue.

 L’aventure de Progressistes continue, nous tiendrons ce front de lutte.

Adieu camarade de lutte et d’espoir.

Seul le prononcé fait foi !

 

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