Entretien TASS-Ambassade de Chine à Moscou

  • Yvan Lavallée

L'ambassadeur de Chine en Russie à propos du coronavirus :

un jour, tout sera révélé

 

Dans un entretien accordé à l’agence TASS, l'ambassadeur de Chine en Russie, Zhang Hanhui, a évoqué la recherche du génome du coronavirus par les scientifiques chinois,  la recherche de la source du virus et  l'inadmissibilité de la politisation de la lutte contre la pandémie.

 

- Aujourd'hui, alors que la plupart des pays du monde sont confrontés à une terrible menace, l'expérience de la Chine, qui a été la première à prendre le coup et à vaincre l'épidémie, est particulièrement précieuse. Cependant, certains pays cherchent à accuser la Chine de propager le coronavirus. Comment évaluez-vous ces allégations ?

 

- Afin de vaincre l'apparition d'un nouveau type d'épidémie de pneumonie à coronavirus (COVID-19), la Chine a fait de grands efforts, elle a consenti à d'énormes sacrifices, a tenu bon contre l'épidémie qui s'est déclarée à l'intérieur du pays et a remporté une victoire provisoire. Ce faisant, la Chine a gagné du temps pour les autres pays - deux mois entiers – pour travailler à la prévention et au contrôle de l'épidémie.

 

Avec  la diffusion de l'épidémie de COVID-19 dans le monde entier, la marque de la Chine - "made in China", "le visage de la Chine" – vient en Une. La contribution de la Chine est évidente pour tous, mais alors que nos succès sont reconnus, nous sommes également confrontés au dénigrement, à la condamnation et à la calomnie. Une balle qui roule sera toujours arrêtée par un obstacle ; la diffamation sera toujours arrêtée par la sagesse. La Chine adhère au concept de la "Communauté de destin de l’humanité", poursuit une approche scientifique et répond de manière responsable aux défis communs de l'humanité, approche  et réponse qui seront certainement respectés et approuvés par la communauté internationale.

 

- Certains médias occidentaux appellent le virus "chinois" ou de "Wuhan". Est-il possible de dire, à partir des dernières données, que le virus est réellement apparu à Wuhan ?

 

- Depuis le déclenchement de l'épidémie de COVID-19 à Wuhan, la Chine a souvent été confrontée au dénigrement de sa réputation. Certaines personnes, complotant le mal, ont de façon irresponsable, qualifié le virus de "Chinois" et de "Wuhan", essayant de lancer  de fausses accusations contre la Chine en disant que la source du virus est là. Déterminer la source du virus est un problème scientifique et social sérieux. Les technologies modernes permettant de déterminer la séquence des gènes peuvent détecter avec une grande précision le "passé et le présent" du gène du virus.

 

Cinq organismes scientifiques réputés, dont le Jardin botanique des plantes tropicales de l'Académie chinoise des sciences de la région autonome de Xishuangbanna-Dai et le Jardin botanique central de l'Académie chinoise des sciences, ont recueilli des données sur 93 échantillons du génome COVID-19 publiés dans une base de données mondiale couvrant 12 pays sur quatre continents. Grâce à ces recherches, on a découvert que le premier "ancêtre" du virus était mv1, qu'il a évolué en un ensemble de gènes (haplotypes) H13 et H38, et que H13 et H38, à leur tour, ont généré conjointement l'haplotype de la deuxième génération - H3, et que H3 a de nouveau évolué en haplotype H1. En termes simples, l'haplotype mv1 est "arrière grand-père", H13 et H38 sont "grand-père" et "grand-mère", H3 est "père" et H1 est "enfant". Le virus qui est apparu à Wuhan sur le marché des fruits de mer est le virus de la famille H1. Auparavant, l'haplotype H1 n'avait été trouvé qu'à Wuhan, et cet haplotype n'a aucun rapport avec le marché des fruits de mer de Wuhan. Les anciens haplotypes H13 et H38 n'ont jamais été trouvés à Wuhan. Les souches de ces anciens haplotypes n'y ont pas non plus été découvertes, ce qui est plutôt illogique. Cela suggère que l'échantillon d'haplotype H1 a été apporté par une personne infectée sur le marché des fruits de mer, après quoi une épidémie a éclaté. La séquence génétique ne peut tromper. Le virus, très probablement, a muté pendant longtemps et a évolué à partir de son "ancêtre" mv1, et Wuhan n'est devenu qu'un des nombreux endroits où il a été amené. Avant l'apparition de l'haplotype H1 du virus, les haplotypes H13, H38 et H3, il est tout à fait possible que le virus se soit déjà propagé à d'autres régions.

 

- La Chine dispose-t-elle de données sur l'endroit où le virus et le "patient zéro" sont apparus dans ce cas ?

 

- L'infection par le coronavirus COVID-19 a éclaté dans de nombreux endroits du monde, et tous les pays recherchent activement la source du virus. Les faits parlent plus que les mots. De plus en plus de cas montrent que si COVID-19 est apparu pour la première fois à Wuhan, ça ne signifie pas que sa source soit à Wuhan.

 

Le 14 février, dans la préfecture d'Aichi, au Japon, un japonais de 60 ans a été diagnostiqué comme porteur du coronavirus COVID-19, et le 16, sa femme, âgée de 60 ans, a été diagnostiquée comme porteuse du virus. Le couple s'est rendu à Hawaii pour le tourisme et y a séjourné du 28 janvier au 7 février. Ils n'ont pas voyagé en Chine récemment et n'ont eu aucun contact avec ce pays. Le 3 février, alors que le couple était encore à Hawaii, l'homme avait déjà des symptômes, mais n'a pas cherché à se faire soigner. Le 8 février, lorsqu'il est rentré au Japon, l'homme a été hospitalisé avec de la fièvre et on lui a immédiatement diagnostiqué une nouvelle pneumonie à coronavirus COVID-19. Selon les données cliniques actuelles, s'il avait été infecté par le Coronavirus au Japon, les symptômes n'auraient pas pu se manifester le jour même. On pense donc que l'homme était déjà infecté par le Coronavirus avant le 3 février. De plus, le 15 février, cinq personnes d'un établissement médical de la préfecture de Wakayama ont eu une infection collective, la source de l'infection est inconnue et il n'y a aucune preuve qu'il ait un rapport avec la Chine. Sur la base des cas d'infection susmentionnés, la télévision japonaise ASAHI estime que la Chine n'est pas la seule source d'infection.

 

Le 26 mars, le site Internet de la revue Nature a publié le parcours de l'épidémie de pneumonie causée par un nouveau type de coronavirus. Cet article suggère que COVID-19 est déjà apparu en Lombardie italienne le 1er janvier. En outre, selon certains rapports des médias, un expert médical italien bien connu, Giuseppe Remuzzi, a suggéré qu’en Italie l'épidémie a commencé à se propager plus tôt qu'en Chine. Il a souligné que "le virus a peut-être déjà commencé à se propager avant d'être détecté".

 

De nombreux faits montrent que la source de COVID-19 n'a pas encore été identifiée...

 

Le 4 avril, la marine américaine a publié une déclaration selon laquelle 155 membres d'équipage ont été testés positifs pour un nouveau type de coronavirus sur le porte-avions nucléaire Theodore Roosevelt qui a accosté à Guam. Ce porte-avions a effectué un voyage en janvier et n'a jamais croisé en Chine. Le 5 mars, il est arrivé au Vietnam et a accosté à Danang. Le 18 mars, il est entré dans la mer des Philippines. Il est possible que l'équipage du porte-avions ait été infecté avant son arrivée au Vietnam. Le 11 mars, lors d'une audition sur COVID-19, Robert Redfield, directeur du Centre américain de contrôle et de prévention des maladies, a admis qu'un grand nombre de patients atteints de la grippe aux États-Unis pourraient être morts d'une pneumonie causée par un nouveau type de coronavirus, mais les États-Unis n'ont pas fait de tests. L'Italie espère remonter à la première infection, en suggérant aux États-Unis de procéder à des exhumations, mais ils ont catégoriquement refusé.

 

De nombreux faits montrent que la source de COVID-19 n'a pas encore été identifiée et qu'elle peut-être de différentes régions. Le virus est l'ennemi commun de toute l'humanité, la recherche du "patient zéro" ne vise pas à le clouer au pilori, mais à mieux comprendre le virus, à découvrir comment il évolue, puis à le vaincre complètement. En s'appuyant sur la science et la technologie modernes, nous pouvons remonter à la source du virus et être sûrs que tôt ou tard, le jour viendra où tout deviendra clair.

 

- Les États-Unis accusent la Chine de dissimuler des informations sur l'épidémie à la communauté mondiale. Que répondez-vous à ces accusations ?

 

- Le 3 avril, l'ambassadeur américain aux Pays-Bas, Peter Hookstra, a publié un document accusant la Chine de malhonnêteté dans la résolution du problème du nouveau coronavirus, en particulier que les informations fournies étaient incomplètes et opaques, ce qui a conduit les États-Unis à mal juger la situation. Le secrétaire d'État américain Mike Pompeo a critiqué publiquement à plusieurs reprises la Chine pour ne pas avoir partagé ouvertement et honnêtement les informations sur l'épidémie de coronavirus. Ouvertement ou non, les faits en témoignent. La compréhension de ce qui est bon et de ce qui est mauvais est subjectif. Face à l'urgence de santé publique de l'humanité tout entière, nous devons rester rationnels, mettre de côté la politique, nous rassembler et surmonter les difficultés ensemble.

 

- Certains médias occidentaux appellent le virus "chinois" ou "Wuhan". Est-il possible de dire, à partir des dernières données, que le virus est réellement apparu à Wuhan ?

 

- Depuis le déclenchement de l'épidémie de COVID-19 à Wuhan, la Chine a souvent été confrontée au dénigrement de sa réputation. Certaines personnes, mal intentionnées, ont appelé le virus "Chinois" et "Wuhan", essayant de faire de fausses accusations contre la Chine en disant que la c’est source du virus. Déterminer la source du virus est un problème scientifique et social sérieux. Les technologies modernes permettant de déterminer la séquence des gènes peuvent détecter avec une grande précision le "passé et le présent" du gène du virus.

Fin décembre 2019, le Centre de contrôle et de prévention des maladies de la ville de Wuhan a découvert des cas de pneumonie dont la cause était inexpliquée. Dans la nuit du 31 décembre, le Comité d'État sur l'hygiène et la santé publique a émis des ordres et a envoyé à la hâte une équipe de travail et d'experts dans la ville de Wuhan pour mener une étude de terrain. À partir du 3 janvier 2020, la Chine a fourni activement et en temps voulu des informations sur l'épidémie à l'Organisation mondiale de la santé, à la partie américaine et à d'autres organisations des États et régions concernés. Le 4 janvier, le directeur du Centre chinois de contrôle et de prévention des maladies a contacté par téléphone le directeur du Centre américain de contrôle et de prévention des maladies et l'a informé de la situation épidémique. Les 8 et 19 janvier, les Centres de contrôle et de prévention des maladies de Chine et des États-Unis ont de nouveau pris contact directement au sujet du nouveau coronavirus. Le 12 janvier, le Comité d'État chinois sur l'hygiène et la santé publique a partagé la séquence génétique complète du nouveau coronavirus avec l'OMS et des pays du monde entier. À partir du 21 janvier, le Comité d'État sur l'hygiène et la santé publique de la République populaire de Chine a publié des informations quotidiennes sur la situation épidémique sur les sites web officiels et les plateformes médiatiques administratives, le nombre total de publications atteignant 71 au 31 mars. À partir du 3 février, le site web en anglais a commencé à faire des publications synchrones, et au 31 mars, le nombre total de publications a atteint 58 ...

Le 24 janvier, l'équipe de recherche de l'hôpital de l'amitié sino-japonaise de Pékin, de l'Académie chinoise des sciences médicales, de l'hôpital Jinintang de la ville de Wuhan et d'autres ont publié une "Analyse des signes cliniques du coronavirus COVID-19 infecté à Wuhan" dans la revue médicale britannique Lancet. Le Secrétaire général de l'OMS, Tedros Adan Hebreiasus, a publié dans les médias sociaux des remerciements au gouvernement chinois pour son ouverture et sa coopération. Richard Houghton, rédacteur en chef de la célèbre revue médicale Lancet, a déclaré : "Au cours de la dernière semaine de janvier, nous avons compris que l'épidémie était susceptible de se produire parce que les informations sur la situation épidémique en Chine étaient transmises avec une grande clarté.

 

Les États-Unis ont également déclaré que la Chine avait expulsé des journalistes américains pour couvrir la situation de l'épidémie. En fait, en février 2020, les États-Unis ont pris des mesures pour limiter le nombre de personnes pour cinq agences de presse chinoises aux États-Unis, ce qui constitue en fait l'expulsion d'un grand nombre de journalistes chinois. En raison de l'issue infructueuse des négociations, en réponse, la partie chinoise a pris des contre-mesures contre les États-Unis, conformément aux normes internationales, le 17 mars 2020. Il s'agit absolument de contre-mesures contre les États-Unis et cela n'a rien à voir avec l'épidémie. Si l'on inclut les journalistes américains, plus de 500 journalistes étrangers travaillent actuellement en Chine. Ils peuvent suivre la situation épidémique en Chine en temps réel. Il est peu judicieux d'accuser la Chine de cacher la vérité sur l'épidémie au motif qu'elle a expulsé des journalistes américains.

 

- Comment la Chine peut-elle aider d'autres pays à lutter contre la pandémie ?

 

- La Chine a tout mis en œuvre pour reprendre la production après avoir remporté une victoire ponctuelle dans la lutte contre l'épidémie. Elle produit actuellement plus de la moitié des équipements médicaux du monde et fournit à 120 pays et à quatre organisations internationales des masques médicaux à usage général, des masques N95, des vêtements de protection, des réactifs de détection des acides nucléiques, des machines de FIV, etc. et a fait don de 20 millions de dollars à l'OMS pour soutenir la coopération internationale dans la lutte contre l'épidémie de COVID-19. Depuis le début de l'épidémie jusqu'à aujourd'hui, la Chine a fait de son mieux. Ignorer les contributions et les sacrifices de la Chine est contraire à la morale et à l’éthique.

 

Face à une épidémie qui n'a pas eu d’équivalent depuis un siècle, personne n'est assuré. Tous les pays doivent s'unir, et non se rejeter mutuellement la responsabilité. Le racisme et la pensée de la guerre froide sont non seulement inutiles dans la lutte contre l'épidémie actuelle, mais peuvent également entraîner notre monde dans un abîme. L'apparition de la nouvelle pneumonie COVID-19 est une grande menace, une guerre sans fumée entre les humains et les virus, et non une lutte entre les pays et les idéologies. L'épidémie n'a pas de frontières. Les pays du monde sont une communauté de destin. La lutte contre l'épidémie exige une prévention et un contrôle conjoints efficaces et la préparation d'une bataille mondiale pour contenir l'épidémie. Dans le même temps, nous devons travailler ensemble pour corriger les relations économiques et commerciales, débloquer les canaux commerciaux, surmonter les éventuelles crises économiques et financières et prévenir un ralentissement de l'économie mondiale. Ce n'est que grâce à l'unité et aux efforts conjoints de toute l'humanité que nous pourrons remporter une victoire globale dans la lutte mondiale contre l'épidémie.

 

Par  Leyla Turayanova.

L'original en Russe : https://tass.ru/interviews/8264707

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